Peccadille
Je suis venu de loin. De Ronville. En vélo, ça fait loin. J’ai pris à l’Est, par Chilleurs-aux-Bois, la traversée du Gâtinais, Échilleuses, Ichy, puis Nemours; ensuite, droit sur Paris. Je voulais pas mourir idiot sans avoir vu la capitale. J’ai attaqué par la Porte d’Orléans ; affreux, le paysage. Le Général-Leclerc, affreux lui aussi ; avenue du Maine, bof ! La rue de la Gaîté, ça m’a semblé plus humain ; troquets, théâtres, sex-shops, des gens partout, de l’animation. Il est clair qu’à Ronville, même la Grand-Rue n’est pas joyeuse comme ça. J’ai donc décidé de faire étape-là et me suis trouvé une place libre juste à côté, rue Jolivet. J’ai calé le vélo sur sa béquille et j’ai mis des pièces dans le parcmètre. Puis, j’ai déballotté ma tente et les affaires de pique-nique. Quand tout a été enfin installé, un agent est arrivé. Il a dit : C’est pour les bagnoles ici ! J’ai dit : Suis venu en vélo. Il a dit : Faut dégager, connard ! J’ai dit que j’avais déjà payé l’emplacement et, que, donc, etc., etc. etc. Bon… J’ai pas eu le dernier mot. Ce schmitt borné m’a filé son amende à 140€. Et j’ai dû plier bagage.
Image & Texte © Daniel Cabanis
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